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jacques cauda
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3 novembre 2021

Surfiguration

JF 1

Killer ou la peinture incarnée

Fidèle non seulement à sa réputation mais à ses conquêtes, Killer reste étalon d'or de l'empire des sens. Il se cache sous le Gilles de Watteau mais file bien vite dans les bals de Toulouse-Lautrec. Il a beau citer Juliette Greco : voilà déjà des Vénus. Il botte celles-ci. Et dès que pointent le bout de leurs seins surgit celui du promontoire du fier goéland. Histoire d'ébranler l'âme à tiers quand sonne le gland. Ce pourrait être l'image du paradis si sur les lunes le soleil n'était pas si plombant. Néanmoins les unions sont toujours libres sur les crêtes et pentes où débaroule le parfum exotique Bourjois avec un J comme joie. S'y scénarisent des maïeutiques entre mésanges charbonnières et l'oiseau noir d'un ciel à la van gogue. Il erre en attendant que le soir s'asseye sur le bord du chemin. Mais quand la lune sort sa circonférence, se transgressent bien des cadastres.  Des poux monts s'élancent fiers plus loin que la nuit.  Restent en conséquence bien des flammes qui brûlent là où dansent cuisses et popotins. De quoi faire du Killer un Charlie Gaule - moins luxembourgeois que coureur - dans des sillons pas forcément alpins pour grimper les cols de l'utérus ouverts hiver comme été. Les dames en leur toupet textile impriment de pli en pli des phrasés souples sur leurs poitrines.  Il les chérit de ses vœux sous velours ou satin, file en leur Q.G. dont il devine à tout coup le point G. Elles ne sont pas forcément précieuses. Et qu'importe les ridicules :  jouisseuses elles deviennent les plus convenables des partenaires.  En tapinois il attend louves, renardes, agnelles mais aussi des dames dites de joie dont il ne se prive pas.  Elles défilent pour tous les impairs à commettre en diverses ratières et version juxtalinéaire afin que l'Ulysse ne soit pas amputé de son odyssée.  Bref le flibustier des bustiers file du mauvais coton comme du plus que parfait sur les jambons que des résilles qui bâillonnent. Cette pratique d'une bijection et d'une communauté plus ou moins inavouable oblige tout dessous chic à tomber comme un cadavre sur un parquet ciré. Et cela ne date pas d'hier. Dès l’âge de onze ans il fit d’une de ses conscrites sa première si reine dont il releva le feston jusqu'à découvrir deux petites fesses à la peau penhélienne et rose thon.   Depuis, il ne s’économise jamais.  Qu’importe le flacon pourvu qu’il ait la Suissesse.  Ce n'est certes pas très dans l'air du temps. Mais qu'importe :  prenant son combi VW, autant en emporte le van car pour Killer chaque jour est Noël (mais après chaque fête il retire le sapin et remise les boules.) "Tu n'as pas fait que sucer ton pouce pendant que tu y étais." disent des bavardes, "Je n'ai rien vu venir il neigeait" répond l'agneau de prés salés et consentant lécheur de voie lactée.  Tombée au fond du puits son âme reste en équilibre sur une jarretière.  Dès son arrivée, des femmes merveilleusement vieilles la mettent sur leur mont de piété. L'hexamètre reprend alors ses pieds et ne possède qu'une anacrouse à faire expier en emboîtant des vies parallèles et superposées. 

 


À ses heures creuses Killer se demande ce dont il a besoin pour aimer. Un rapide tour de la question - lorsqu'il est en caleçon - ne laisse a priori pas supposer que ses outils manquent à l'appel et ses bonds d'yeux sur les seins prouve qu'il n'a rien d'austère. Mais il ne dit que là n'est pas le problème. Pour lui la question est autre : c'est une problématique d'équilibre entre gravité et pesanteur. Il faut dire qu'en dehors d'un physique flatteur, pour un tel pêcheur la science du comportement des atomes et des particules reste une spécialité majeure. Il suffit de lui affirmer qu'une femme possède de jolis yeux bleus pour qu'il rappelle à son excavateur que ce n'est là qu'une question de longueurs d'ondes. Dès lors comment ne pas estimer que les heures creusées possiblement par l'amour reste pour lui une barque sculptée dans l'air ? Cela permet en outre de comprendre - sans vouloir jouer les sophistes - combien Killer a du mal à vivre le vertige sentimental même s'il affirme que le bonheur qu'il vécut près de son premier amour rendit ivre jusqu'à son sommeil.  Force est de constater qu'il est malaisé de le contredire puisqu'il vécut une infinie tendresse et une douceur si intense que l'air autour de lui prit feu. Nous pouvons juste lui assurer que voir le désir à travers des bras qui ne sont plus là rend plus qu'hypothétique la possibilité pour un tel "il" d'une nouvelle Ève. D'autant que chacun sait qu'un visage premier cache ceux qui le suivent. Généralement il s'agit de celui d'une mère. Mais pour Killer il ne s'agit pas du visage de celle qui fit tout pour le pas l'avoir - tout sauf bien sûr le nécessaire.  Néanmoins, à son cœur brisé chacun s'oblige à donner de l'altitude. Certaines de ses amies sont prêtes à partager un morceau de leur beauté et de leur lit : mais il veut un amour entier. A savoir celui qui lierait ses jours pour le libérer de lui-même.  En parler à sa psy ne lui a même pas permis de boire le lait à la poitrine que celle-ci lui tendit en transgressant toutes les lois de l'analyse.  Comment dès lors lui faire comprendre qu'on va à l'amour comme on va au soleil ?  Pour le voir à midi à sa porte il suffit de se bronzer le cœur. Mais Killer est de ceux qui lisent l'heure dans les caves obscures où les démones frétillent et dans les pays où l'hiver est si long que l'astre du jour tarde à venir. Tant qu'il restera ainsi il sera de ceux qui cherchent l'amour et trouvent un village perdu. Cette erreur est humaine mais que peut-on faire pour lui ? Pour le rassurer il est bon de souligner qu'a trop appeler l'amour par son nom l'efface. Il convient en conséquence d'espérer que ses pensées finissent par le fatiguer et qu'il brise sa patience de bœuf pour que le taureau ailé rejaillisse. La seule pensée qui pourra l'enchanter demeure celle d'une poitrine qui a du poumon et monte aux lèvres avec le baiser.  Cette seule altitude peut amplement suffire.

 

Dans le ciel d'orage de sa tête, Killer bute sur des ombres lascives, voluptueuses, obscènes. De tels fruits de la passion voguent en plumes de cabaret. Leurs ongles au rouge Chanel griffent celui qui sans craindre rien, trouble les silences, les peints en rouge et noir - avant ou après avoir rendue aux rondeurs les honneurs qui leur sont dues. Killer joue l'as assassin mais ses prétendues victimes rigolent bien.  Derrière la pose altière du sombre minotaure qui renverse les beautés sur des rocs, son acier trempé s'il a l'éclat du verre n'est fait que pour la gloire du ciel de lit des fleurs égarées au col rose sous manteau noir. Pour autant le magnanime, jambes lourdes, mains abimées par ses mises en abyme, invente en ses tableaux des apophtegmes persévérants. Preuve que l'art permet une vie singulière rythmée d'aiguilles d'horloges. Elles cliquètent aux fièvres des maisons closes ou ce qui en tient lien. Nul ne sait si l'on change les draps après, mais sur les toiles du Killer il s'agit de dessiner au-dessus des décombres des nuits visibles et de l'invisible mort. Chaque fois se dit l'artiste : "allez, encore un effort", là où sa carotte cuit au dedans de celles qui sentent en cette mouture monter non la moutarde au nez mais une joie promise. De telles natures rendent l'existence vive et le peintre en son humble bure de peau vive rend à de tels émois d'immortels échos. Ombres, velours et moires : tout est prêt pour un strip-tease qui n'est pas que de l'âme.  Car dès que Killer s'installe la vie n'est pas ailleurs et des pipes se taillent. Elles rendent forcément toute parole improbable sauf à de quelques interjections en "oh" et "ah". Mais la main de Killer s'active, au fusain ou avec pinceaux et tubes. Il y a là un peu du bleu silence du Greco mais surtout des chairs roses en ces endroits où la chose se passe jusqu'au petit trépas. Devant les femmes le peintre et poète - hanté du poison doux de l'antre, jamais las du son des couleuvres qui s'avalent dans la pénombre, besogne. Des servantes au grand cœur dont il n'est pas jaloux, il déguste leurs volumineuses légumineuses et s'agrippe à leurs flancs de mercure. Rien ne peut s'écailler de peur ou d'inquiétude en ce qu'il crée. Le bel ouvrage ajoute au monde un dessein de cruelle beauté.

 

Killer contemple la terre, voit au plus profond de l'âme, devant lui le "je suis" d'âge en âge qui chuchote à voix basse telle une auréole de plus en plus rare. Il voit aussi des visages fins comme des flammes et aussi ceux d'en bas en mal d'aube et qui ne résistent pas. Brille le bombement de leurs cuisses cuirasses qui font lever un certain doigt. Aucun cri n'ajoute à la cruauté de la scène. Les filles de joie deviennent saintes aux longs cheveux, les yeux tournés vers la lumière. Elles s'abandonnent même lorsque leurs seins sont coupés par une lame tranchante.   Dans un coin, des sœurs agenouillées récitent des prières. Et un secret s'apprête à rompre l'histoire sainte. C'est un saut vers l'autre monde par celui qui effectue celui de l'ange. Hors des flancs du melon les pépins sont ruisselants. Killer donne ainsi sa leçon de peinture qui chasse la vertu et combat l'insoumission des têtes indociles.  Beau sang coule à la nuit. File ainsi la sagesse quittant le secret abri de la fleur, jolie vraie fille de musique.  Au pinceau de silence, l'autre silence, figure de l'ouvert.  Longuement le Killer reste ensuite face à la mère. De son canotier il salue un marin qui passe sur elle et rentre son poignard que la besace embrasse, le sortant de la lumière qui aveugle. A la nuit de dedans murmure des mots perlés et les beaux secrets de l'invisible. Rien n'abrège l'espérance et l'orgueil. Vivre, se dit Killer, c'est un peu de bruit et de fureur histoire de nous regarder passer en noumènes et en exécuteur des heures.

Killer entre deux visites aux musées parisiens les plus secrets s'accorde un instant de répit.  Il s'assoit sur un banc du jardin du luxe en bourg. Il y repère moins le ténébreux ballet d'Alain Cuny  Lingus dont l'âme (entre autres) passa sur le pubis d'Alexandra Stewart louve à la joie buissonnière. Elle fut mordue plus que mordante dans le film de Pascal Aubier. Et ce avant de se fendre d'un beau cygne de Groix dans l'eau - bénite pour l'occasion - du bassin parisien. Cela frise la drue moustache du Killer. Le voici qui dit vagues dans sa barbe en pensant à la scène grivoise. Mais désormais aux assauts d'hommes et go more il préfère la contemplation placide des Parques du blême parc. Il en est le prince plus que l'enfant et ne ressemble en rien aux Judas qui accordent leurs derniers deniers pour, en chevaux pur purin, brouter le gazon des primes sautières. Killer sait mieux qu'eux qu'en n'étant rien chiennes elles restent les meilleures amies de l'homme. Pétrarquisants mais roués ses dessins ne prouvent jamais le contraire.  Emily Dickinson elle-même devient chair en rasade. Avec son gout pour les interdites le faune tique dès que les altières étouffent de leurs bras catcheurs ivres, habits saints ou assis Dick. Désormais le cul entre deux chaisières, le voici douillettement blotti avec une Blanche Neige, prototype parfait de l'éternel féminin ou Médée retournée à l'état de nature. Les flocons tombent sur sa moustache dont les poils serrés comme des cuisses ont le don d'aviver certains songes postiches. La démone en renifle les consonnes et ses proies mitonnent à l'intérieur de l'ardente toison. Mais sa vulve inamendable jamais sera toujours un mythe. Entre nausée et vertige personne pour éprouver un repentir.

 

Tôt ou tard, le lointain redevient proche. Et soudain une voix dit "Monsieur vous m'entendez ?" On tapote des joues blêmes. La voix reprend : "Monsieur quel est votre nom ?" Et voici que celui qui a perdu conscience se surprend à murmurer "Killer". Peu à peu il se souvient. S’agite - au moins dans l'à-peine. Le mauvais bitume surchauffé du faubourg colle à sa tête. Tout ça parce qu'il voulait revoir Lili la Tigresse et qu'il fut remercié par un horion qui l'a cloué à terre en le laissant K.O.. Se croyant encore sinon aimé du moins souvenir consistant il s'avança vers la femme en oubliant des précautions élémentaires. Le coup porté séance tenante fut néanmoins précédé d'un long soupir venu de très loin chez Lili la colère. Chair et songe rassemblés tout le passé se réduisit à un poing sur la face la mâligne espèce. Et voilà le Killer estimant payer pour les autres et pensant que quelque chose vient de se passer comme sans être réel. Et ce pas très loin des acacias dont les fleurs au printemps servaient à faire les beignets les plus succulents de la terre que Lily fricassait. Mais la douleur n'est pas que berceuse après un tel uppercut.   Sans que toute raison revienne et de ce fait abrégeant le pipeau Killer ressasse ses sornettes tandis que des badauds affirment : "il a encaissé le coup, il a de la bouteille".  Sans savoir que pour le Killer la seule ivresse est celle que la peinture promet. Sans elle pas de cuite exceptionnelle. Pas de cuite du siècle ou du millénaire. Il la cultive au côté de celle qui a remplacé la Tigresse et qu'il mérite à peine. Avec elle il fait quelques pas en forêt - rochers, ruisseaux, fougères. Avant de s'endormir et boire à ses côtés le bleu du ciel que des éléphants le traversent - mais nul ne peut dire combien.  Néanmoins Killer ment plutôt que se taire : "ça va" dit-il aux agglutinés auprès de sa dépouille non mortelle car il lui reste tant de choses à faire et qui  le tirent par la barbichette. Relire par exemple les premières pages de "L'Étranger". Le sarrau de l’infirmière et le clébard du vieux Tomaso qui lui réserve les mots brûlants de haine. "C'est tout de même pas la mère à boire" disait le père. Mais il se demande quelle erreur a produit un coup si cuisant. Killer se dit que la Tigresse comme Tomasa n'a pas compris qu'il est devenu un autre. Celui qu'il ne voulait pas être, qu'il exècre. Ou l’autre qu'il était et dont il voulait se garder. Ce qui est sûr :  la baigne il l'a méritée, Lily a fondu sur lui en rappelant to de go qu'il accepta de la suivre quand elle l'avait, de guerre lasse, quitté. Mais rentré, il peut écouter encore du William Sheller tant ses incontinences notoires car amoureuses restent un fond de vie - comme il y a un fond de tarte. Il se recroqueville au fond de sa couette. Et s'il sent encore les ombres de la Tigresse l’envelopper, la nostalgie n'est plus ce qu'elle était. Un jour il se réveillera en se disant « tiens, cette nuit je n’ai pas pensé à elle ».   Alors il se remettra à peindre de plus belle.  Quelques laisses de blanc, le rouge, le noir pour garder l'essentiel. Comprendre ainsi cette chute qui le sonna et sur qui ou quoi elle opère. A la verticalité du héros répond l’horizontalité des traces sur la toile. A peine si jubilent encore les fantasmes - avant repoussaient comme du chiendent.  Mais le réel n'y s’ouvre jamais comme un bel oursin.  Quant au chat, il tourne en rond dans la maison quêtant une caresse. Comme lui Killer est un passager clandestin, un vitrier au costume à carreaux, le Méphisto fait d'aises, l'insomniaque rêveur, le complément indirect, le gland qui se perd, l'huile de ricin, le sandwich tourneur et son doute suprême. Dehors, pas très loin du ring virtuel le cri d'un oiseau sommeille parmi les ombres appesanties comme s'il voulait disjoindre la cause de l'effet.

 


Au leurre de grandes ripailles qui leur sont interdites, Killer offre en guise de consolations aux suppliques de ses Wonder Women - religieuses vêtues (jusque-là) de bure chocolat et aux fronts pâles - toutes les fièvres, les hontes, les sueurs en des happenings de classe mondiale.  Exit les prières dès que le rodeur et le Rodin penseur se penche sur l'origine du monde. Claudiquant lorsqu'il marche, sur les lits des agapes un tel lapin fait des paimpolaises dûment décoiffées des spécialistes des menhirs que Carnac aligne et des totems sans tabou. Les mordues de Morlaix ont dans ce cas le mollet vif. Le bide universel du Killer un brin cruel rend la gueuserie turgescente et le plaisir confus - parfois il y a tant de bras pour si peu de jambes, mais parfois l'inverse est vrai aussi. Killer pince sans rire une fesse en prétendant que si un autre s'y frotte il pique.  Mais nul ne peut rivaliser avec le presse tige agitateur de passes magiques. Voici l'exorbitateur magnétique propre à toute physique quantique. Il fait de l'histoire de l'oeil de Bataille un conte pour cyclope trop peu hédonique. Les belles se coagulent à lui en grappes et resserrent le poisson agile en sirènes systémiques expertes en jeux de mimines. C'est la fête parmi les carmélites adeptes de l'élytre et de son élixir. Elite parmi les hélix le voici ôteur des cornettes et bon pour le piston. Il rend les saintes volages.  Elles s'âment de son gourdin tandis que le mâlin presque en divine extase s'empiffre de leurs sens. C'est juste si elles ont le temps de se remettre pour les vêpres sonnantes. A cet instant rien de plus palpable que le brâme du Killer et les leurs. Les carmélites les plus vieilles et qui ont du mal à se rhabiller le regardent ensuite se taire tandis que leur défilé commence dans la chapelle dite ardente. C'est un autre désormais qui parle d’une voix de pré las et prétend aller plus loin dans la sagesse. Mais son érotisme paraît si spectral que lorsque les nonnes sortent de l'office du soir elles semblent recouvertes de peinture fraîche qui ne tient pas. Au pur mystique elles préfèrent celui qui dépense sans compter son Comté de part maudite. Cela peut sembler insolite d'autant que sa présence, Killer n’hésite pas à la qualifier de sacrée. Mais il reste le philosophe capable de détruire en lui comme en ses ouailles l’habitude d’avoir un but et leur accorder quelque chose d’un peu chinois.

 


Dès qu'il arrive d'Italie, fan de jazz, Killer - chic corps et âme - rejoint les bars à basses de La Léchère (qui leur rendit bien) ou de Brides-les-Bains. Ce qui est un bon point pour celles qui ont de l'embonpoint et reste encore meilleur à qui ignore l'A 16. Dès que le Killer joue de la clarinette baveuse et de la trompette-boucher  il faut que ça saigne. Si bien que gémit Smith.  Mais lorsqu'il chante en inspecteur Harry, Belafonte en pâlit. Lâchant des arpèges soudain c'est un clafoutis d'étoiles nocturnes ; elles laissent Harry KO et les groupies s'en pâment. Killer a tout prévu à ce propos : un background en hôtel est là pour les Catherine neuves  ou celles à qui l'âge donne du zèle et le shampooing aux notes bleues des boucles violettes. Pour les premières il reste père OK, pour les autres un vrai Bogart.  Et quand une marquise Sadienne, experte vraiment tonale, lance ses coucouroucoucous et ses deux seins-balles, le spécialiste des messes câlines ne rate pas l'occase d'un week-end à Rome avec une telle épigone… Dans le patio de Chez Mario sur le clavier des sens d'un piano Steinway ( pour peu que sa queue ne soit pas trop basse)  se ponctuent les transports amoureux Capri-cieux  :  l'amante jamais ne s'en  lasse.  Le plaisir est salace. Certes Killer effectuant devant son miroir son examen de conscience y trouve quelques points noirs. Mais un "je vous aime depuis toujours" d'Ella qui possède ce qui manque à Carla, le décharge de tout fardeau moral.  Après un tel set, dans la salle de bains, l'eau furète sous les saponaires. Qu'importe si le petit déjeuner l'hôtel est court en baguettes. A la sortie des ablutions de l'ablette, la diva épelle en god-spell et en visant l'archet un "Play it again". Killer dans ses diagonales du fou sait éviter tout échec. Un tel béni Goodman en multiples rappels plonge l'aimée à la renverse sur un divan Cuir Center.

 

 

L’âme sombre du majes­tueux Killer s’adapte aux milieux qu’il “sur­fi­gure” en ses laby­rinthes optiques ins­pi­rés de modèles ori­gi­naux. Tout est char­nel sauf par­fois un phal­lus en stuc pour com­plé­ter par le sens de l’allégorie du déri­soire en une cer­taine tri­via­lité moins posi­tive que bien des ouvertures.

Tout regardeur-voyeur navigue entre fami­lia­rité et mystères.

Les minettes sont des lionnes à qui l’imprudent donne la papatte. Plus ques­tion pour lui d’aller se cacher sous un divan comme un sot fat. Son style, son humour, sa cruauté son inimi­tables. Il décrit la vie des animaux-machines qui n’ont rien de car­té­siens.
C’est donc le por­trai­tiste offi­ciel de nos vicis­si­tudes. Trois femmes sur un cous­sin en Damart rouge deviennent les émi­nentes noires pour les visi­teurs au tem­pé­ra­ment bien­tôt trempé dans leur canyon pour qu’ils collent au radeau et grimpent au rideau.

Le Killer ne néglige pas pour autant l’émotion dans ses dra­ma­ti­sa­tions par­ti­cu­lières et cruelles. En qui nous sommes les volts errent à même les trous­seaux tor­sa­dés en de tels adul­tères. Cha­cun a perdu son mètre en de tels aires où les tar­tares en font de belles. De chambre en chambre, sauts et caresses font pous­ser des cris bar­bares qu’une telle pein­ture éructe — imper­ti­nente dans sa nature.

 

Par effet de sur­face, Cauda déplace les habi­tuels points de fixa­tion sur les­quels l’érotisme s’appuie. La pein­ture devient une matière aussi abs­traite que sen­suelle. Tout y demeure entre clô­ture et pas­sage, exhi­bi­tion et apo­rie. La nudité, le sexe et son trans­port sont ras­sem­blés pour la caresse comme la cru­dité. La peau et la pein­ture res­tent un pas­sage entre rêve et fable.
Rien ne s’achève. Tout s’égare. La Charles-attente ouvre moins à une perte d’équilibre qu’à un autre ver­sant du désir.

Bref, le corps n’appartient qu’à son mys­tère. A son amour peut-être. Car chez le Killer l’amour pré­side au che­min – et il n’existe pas de che­min où il n’y a pas d’amour.
C’est pour­quoi sur ce che­min les pein­tures dressent des horions et aussi des hori­zons poé­tiques. Mais des hori­zons qui répondent à leur nature : à mesure qu’on s’en rap­proche, ils s’éloignent.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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