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jacques cauda
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17 septembre 2017

Surfiguration

Antonin Artaud,

Je vous vois dans toutes les batailles que vous avez menées pour votre délivrance, comme vous voyiez bien des fois Génica dans toutes les batailles qu’elle menait pour votre délivrance — Je vous vois à chaque mot tendu, extirpé, raclé pour extraire de la fange la bauge où houiller dans le Langage, pour enfin prendre le large. (Un peu d’air, même asphyxié. Un puits perdu du souffle). Et s’y éventrer, le poil refait, dressé comme une bête rousse blessée — Ma barge ne suit aucun canal, sauf à se laisser happer par cet abîme où s’écorche dans un ravinement vertigineux la langue jetée dans un vivier de langoustes grouillant dans la coque percée, marginale — Votre barge ne s’aligne sur aucune balise de canal. Ses miroirs ne remuent eaux mortes que pour les mal-vivants bien-portants qui jamais ne s’indignent ; ne remuent le spectre de leurs reflets de flamme que pour les damnés qui susurrent abouchés aux affres généreuses.

A 

                                                                   "Artaud pour Murielle Compère-Demarcy"

                                                                         © Jacques CAUDA

Vous êtes ce génital inné supplicié d’avoir été quitté par le lien généalogique qui tient tant ses masses dans les singeries générationnelles —La cochonnerie vous enfante, vous êtes corps d’écriture du Grand Hurle-Lyre arrachant notre langue insipide, bifide, grattant la croûte du flegme humoral, un coup sec de canne rapide, brutal - Om tat nah Haré Haré Ma’ mritat - sur nos satanées Annales, colo-mentales-rectales —Vous ressortez incessamment depuis des trilliards et des trilliards d’années nous torturer dans le soufre sans craquement d’allumette de nos esprits obstinés, enfermés, devenus demeurés de tout ignorer des gouffres de l’extrême lumière clamée par les initiés, hurlée de la poche noire par les Aliénés — Saint Artaud forcené enterré par les morts-vivants d’un présent aux certitudes viciées, aux habitudes bancales — Écroué perpétuel— Vos mots ont des claquements de dents qui font mal aux serrures-cerbères, geôlières de l’enflure à crever du Langage —Elle dégondera la fenêtre du crâne, se taillera une incise de ciel dans la caisse d’où résonnera, épouvantable, l’ombilic lubrique des limbes, le plexus crucifié des nerfs. Votre camisole au bec de canne gueule sur notre tête tarée pour l’ouvrir d’un peu de spectre viscéral né de noms écorchés faute d’avoir voulu vivre de toutes leurs forces, et cela hurle, et cela biaise et cela baise, l’être à mal la Machine de l’Être à regarder de traviole, et cela mêle à la béance d’un ciel torturé le feu infâme de prophétie vers, affres intactes et plus ignobles, l’explosion générale. Votre canne fouaille des doigts la moelle la triperie de nos cerveaux lésés — Vous réussirez saint-Artaud à trouver ce qu’il nous faut, à brûler ce qu’il faut, « pour que les démons se taisent ».

© Murielle COMPÈRE-DEMARCY (MCDem.)

 

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