critiques
Deux articles de Jean-Paul Gavard-Perret à propos de Comilédie
Il est des livres qui sidèrent par le rire qu'ils soulèvent. Et c'est rarissime. " Comilédie " en est l'exemple quasiment absolu. Jacques Cauda le considère comme son chef d'œuvre. Et non sans raison. Or ce livre a dû attendre plus de 20 ans sa publication.
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Il est des livres qui sidèrent par le rire qu’ils soulèvent. Et c’est rarissime. « Comilédie » en est l’exemple quasiment absolu. Jacques Cauda le considère comme son chef d’œuvre. Et non sans raison. Or ce livre a dû attendre plus de 20 ans sa publication.
Ce texte est une merveille d’impertinence au nom d’Irma la Douce qui sait baisser sa gaine afin que vierges et verges se tiennent droite comme les i et des hydres. Tout va « l’amblablable »là où l’Abbé C de Bataille touche à l’Y du féminin et à l’X de films désormais remplacés par des vidéos qui évitent tous déplacements superfétatoires.
Celui qui est aussi peintre tient les diables par leur queue. Sade est remisé au rang des sacristies : sa prison est remplacée par un bordel philosophique où le rire est roi là où les reines quoique vaches ne fassent pas un pis. Elles sont fortement éprises et sortent de leurs mantilles face à de sombres héros en rien sobres en avanies.
Le tout dans un corpus qui se veut scientifique (abondance de notes lui sert de vaginales références). L’ « ôteur » ne cesse d’en rajouter des couches sans culottes. Celles-ci ont perdu leur laine à perdre haleine dans des alcôves où les muses ne font pas que musarder.
Tout est vénénoeud et vénère rien de mâle sauf lorsqu’il est adroit. L’arbre de vie du vit pénètre la forêt des songes : que demander de mieux ? La sotie suit son cours dans l’impeccable fatrasie d’un livre qui écarte les cuisses de la fiction pour que des noces aient lieu. Elles n’ont rien de cendres tant les fruits délictueux sont délicieux.
Jean-Paul Gavard-Perret
Jacques Cauda, « Comilédie », Tinbad Roman, 2017, 172 p ., 20 e., Paris.
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L e désir rattrapé par la queue Plus de vingt ans après son écriture, le peintre, écrivain, poète, photographe, documentariste Jacques Cauda voit enfin la queue du tunnel pour ce qu'il considère non sans raison comme son chef-d' œuvre : il est enfin publié. Sa fiction est une lady des plus ébouriffantes donc forcément elle décoiffe.
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Le désir rattrapé par la queue
Plus de vingt ans après son écriture, le peintre, écrivain, poète, photographe, documentariste Jacques Cauda voit enfin la queue du tunnel pour ce qu’il considère non sans raison comme son chef-d’ œuvre : il est enfin publié. Sa fiction est une lady des plus ébouriffantes donc forcément elle décoiffe. Entre autres. Et dans gerbes zizaniques et en des outrages cathartiques qui rendraient malades les Cathares. Que les amateurs de romans noués à l’ancienne passent outre. Il y a là du Rabelais, du Raymond Roussel, de Sade aux messes câlines, du Michaux à la mescaline, du Artaud dans cette folie littéraire qui tient la route (défoncée) et ses promesses (jamais déçues).
Au besoin et pour que le lecteur se perde un peu plus dans les dés et les dalles d’une fiction donnée pour sérieuse (avec abondance de notes à la clé de sol), des tablatures sont introduites (mais ce ne sont pas les seules) en tant que schémas forts des halles.
Dans cette histoire de fantômes-masses, les sales « ghosses» non seulement grouillent de mots en des listings à faire enrager Pantagruel mais le « lecteur bien aimé » voit des moines et d’autres tristes sires encaustiqués prêts en s’emparer d’Irma la Douce pour jouir entre ses seins eu égard à l’état de sa glotte « gorgée d’escarres et amidonnée de foutre ». Preuve — s’il en fallait — que le roman est foutraque et délicieux, plein d’images et de bruits fussent-ils d’un Sphinx ter.
Dans sa « Comilédie » trop humaine, Cauda est donc tout sauf un étroit mousquetaire. D’autant qu’il y a là plus de mousse que de terre — fût-elle promise. Celui qui se veut un savant de Marseille joue le cuistre et le cuisse-tôt, ses vierges et ses verges, droites comme des I, sont du même tonneau de Diana ivres. Rose est la vie et l’abbé C de Bataille file dans l’allégresse jusqu’à X.
C’est plus qu’un délice et un ravissement littéraire et artistique. Il fait courir le lecteur d’une page à l’autre comme derrière une femme aux « jambes si passantes » qu’elle en devient une « Olympiaf d’impatience ».
jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Comilédie, Tinbad Roman