Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
jacques cauda
jacques cauda
Derniers commentaires
Newsletter
23 avril 2013

Surfiguration

Cauda

© Jacques Cauda

« “La fleur voit” : c’est en ces termes qu’Odilon Redon liait d’emblée l’histoire florale de la peinture à celle du regard. Comme si le motif des fleurs dans sa variété historique – des natures mortes et des Vanités du xviie siècle aux fleurs de Manet, Monet, Van Gogh, Matisse, O’Keeffe, Warhol ou Richter – redoublait celui d’un œil réflexif et attentif, ouvert sur le monde. Un œil polysémique, conformément à l’étymologie.
La fleur n’est-elle pas tout à la fois une essence, avec ses senteurs, une surface, comme les fleurs d’eau, et un sexe, féminin bien sûr ? Il y a donc une ambivalence florale première qui n’échappe guère aux jeux de mots d’un Shakespeare : le blowing des fleurs épanouies se joue dublowen des fleurs ouvertes, pour mieux entendre le blowze de la putain. Mais fleur du sexe, du mal, ou du temps, toujours marquée par l’éphémère et le cycle des saisons, elle est aussi une métaphore, voire même une allégorie de la peinture au sens de Vermeer.
Car si la fleur voit, c’est sans doute parce qu’il y a une “vision première essayée dans la fleur” (Redon), celle qui fascina tant Steve Dawson et le poussa à peindre des dizaines de tableaux de fleurs de 1984 à 1995, faisant de ce regard floral le laboratoire d’une abstraction qui s’épanouira dans les toutes dernières années. »

Christine Buci-Glucksmann

Publicité
Commentaires
jacques cauda
Publicité
Archives
Publicité