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jacques cauda
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22 novembre 2011

Surfiguration

Le jeudi 24 octobre 1776 je suivis après dîner les boulevards jusqu’à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu’à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages… Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire.

Souvent, au cours de mes promenades dans le XXème arrondissement, je passe immanquablement par la rue des Haies. Voudrais-je, comme dans ce poème de John Donne, « The progresse of the soule », retrouver par la pensée maints pays imaginaires, cages de chairs et viviers d’humains, mémoires de bêtes, de femmes et d’hommes, ciels de données et barques de souvenirs, afin de les faire monter jusqu’à mon regard, à l’image de ces bulles irisées que les enfants forment en soufflant et qui s’envolent devant leurs yeux éblouis ?

J’ai l’encéphale tellement imprégné par cette idée que le moindre souvenir qui a trait à cette rue m’apporte mille et une nuits de rêveries éveillées. Ainsi, quand  j’apprends un matin   qu’un certain « Papou le Gitan » luthier de son métier y recevait Django Reinhardt, le mot « Nuages » s’impose à moi en toute évidence et vient faire corps avec ce que je sais déjà : les rêveries de Jean-Jacques sont de ces mêmes nuées observées au-dessus du village de Charonne, baignant tout autant les sentiers, les vignes, les prairies et les haies que l’âme du rêveur.

Le mot « haies » comme le mot « nuages » renvoie à l’intemporel, au contraire d’un nom d’écrivain ou d’artiste marqué par son temps et situé précisément dans l’histoire. « Haies » par son allure d’éternité rend l’histoire géographique, si je considère, arbitrairement , que la géographie et l’histoire participent dans leur forme respective, au visible et à l’invisible. La géographie pour tout ce qui se voit, lieux, décors, objets, et l’histoire pour l’implicite qui s’en dégage. Et est-ce sans doute pourquoi je traîne toujours immanquablement dans cette rue des Haies, où l’invisible (l’histoire) apparaît comme tout ce qui se voit, et le visible (la géographie) comme tout ce qui reste insaisissable, comme le sont devenues les haies dans un paysage urbain…

P1110977

©Jacques Cauda 2011

 

 

 

 

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