SURFIGURATION
Ses yeux sont verts. Des yeux autour desquels je construis son visage, plus véritablement au centre du milieu d’autour desquels je m’exile pour retrouver mon propre visage appuyé sur la vitre que l’eau vient toujours gifler. Il est six heures. La confusion qu’il y a en français entre le temps qu’il fait et le temps qui passe m’est assez agréable, je ne cherche pas un début mais une suite à quelque chose qui se découvre peu à peu. Comme le mauvais temps. Et l’anachronisme. Qui n’est jamais une erreur de datation mais le point de vue qui me garde de toutes les absurdités.
Elle est là depuis le premier jour. Depuis les premiers mots : Ma table ressemble à mon lit… » Elle me regarde. Elle n’a jamais parlé. Rien. Pas un mot. Sauf des gémissements. Et des cris. Elle est là. Elle me regarde. Elle regarde. Elle regarde tout ce qu’il y a autour de sa cage. Les Rouages que j’ai accrochés aux murs. Les DVD qui passent en boucle sur les trois écrans que j’ai installés au dessus de sa cage. Lemasquelavachelesaclemasquelavachelesaclemasquelavachelesac.
Le soir, je lui lis à voix haute les pages de la journée. Elle ne réagit pas. Quand il n’y a pas de pages (c’est assez souvent vu mon état) je lui lis l’Histoire de Juliette. Je l’ai d’ailleurs baptisée Juliette. Qui lui va très bien. Juliette ou les prospérités du vice. Car c’est pourquoi elle est là. Pour croître et prospérer.
Extrait de VOX IMAGO, roman, éditions Praelego.
Juliette, pastel sur papier.
Juliettes, pastel sur papier.